Vous
l'aurez deviné en lisant le titre, ce livre est un livre d'histoire passionnant sur les
nombreuses épidémies qui, durant le deuxième millénaire, ont touché l'humanité.
De la lèpre du XI° siècle au Sida du XX° siècle, Pierre MIQUEL, professeur d'histoire
à la Sorbonne, nous fait parcourir avec talent les ravages causés par les épidémies
face auxquelles les hommes furent (sont) impuissants.
Toutefois, l'auteur ne se contente pas de décrire les maladies et leurs effets
dévastateurs sur le corps humain. L'aspect le plus intéressant de ce livre est qu'il
analyse également les réactions des principaux acteurs de la société (l'Eglise, le
pouvoir royal et la noblesse dans un premier temps) face à ces fléaux qu'ont été la
lèpre et, surtout, la peste qui sévit en Occident jusqu'au début du XVIII° siècle
(épidémie à Marseille en 1720).
L'épidémie, quelle qu'elle soit, est à la fois un révélateur de la structure de la
Société et un élément modificateur de celle-ci. Elle met chaque acteur devant ses
forces et ses faiblesses et l'oblige à s'adapter, à apporter une réponse à la fois
sociale, scientifique et morale à la maladie.
Ce livre démontre aussi que chaque fois qu'une maladie est éradiquée ou maîtrisée,
une autre vient la remplacer.
Alors qu'au XV° siècle, la lèpre disparaît en Europe, la peste continue de sévir
durant tout le XVII° siècle. Au XVIII° siècle, la petite vérole (ou variole) prend le
relais tandis que le choléra et la tuberculose sont les grands maux du XIX° siècle.
Le XX° siècle connut l'épidémie de grippe espagnole qui fit autant de morts que la 1°
Guerre Mondiale en 1918 et 1919. La tuberculose tua jusqu'aux années 40 et l'utilisation
de la pénicilline pour combattre cette maladie.
La fin du XX° siècle vit apparaître le Sida alors que tout le monde pensait la science
capable d'éradiquer et combattre n'importe quelle épidémie.
Cette maladie, nommée très poétiquement " le dernier mal d'amour " va, tout
comme les autres épidémies des siècles précédents, permettre d'observer les
réactions de la Société et révéler les tensions créées par cette épidémie qui
apparaissait, aux yeux de certains, comme un châtiment divin à l'encontre des
homosexuels et une remise en cause radicale mais salvatrice de la liberté sexuelle
prônée depuis la fin des années 60.
Le temps passe, les siècles défilent mais la Nature, malgré les énormes progrès de la
médecine et des sciences, continue à défier l'intelligence de l'Homme et met à
l'épreuve son sens moral. Une fois le Sida vaincu (avec beaucoup de difficultés), quelle
nouvelle maladie diabolique viendra nous rappeler dramatiquement que la Vie est un combat
incessant. |